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Là, sans but, au hasard, comme une eau qui s’écoule,
Loin, bien loin des sentiers battus par ton aïeul,
Dans ce monde galeux passe et marche tout seul ;
Ne presse aucune main, aucun front sur ta route ;
Le cœur vide et l’œil sec, si tu peux, fais-la toute,
Et quand viendra le jour où, comme un homme las,
Tout d’un coup malgré toi s’arrêteront tes pas,
Quand le froid de la mort, dénouant ta cervelle,
Dans le creux de tes os fera geler la moelle,
Alors pour en finir, si par hasard tes yeux
Se relèvent encor sur la voûte des cieux,
Souviens-toi, moribond, que là haut tout est vide ;
Va dans le champ voisin, prends une pierre aride,
Pose-la sous ta tête, et, sans penser à rien,
Tourne-toi sur le flanc et crève comme un chien.


Novembre 1831.