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II


Plus de dieu, rien au ciel ! Ah ! Malheur et misère !
Sans les cieux maintenant qu’est-ce donc que la terre ?
La terre ! Ce n’est plus qu’un triste et mauvais lieu,
Un tripot dégoûtant où l’or a tué Dieu,
Où, mourant d’une faim qui n’est point assouvie,
L’homme a jauni sa face et décharné sa vie,
Où, vidant là son cœur, liberté, ciel, amour,
L’infâme a tout joué, tout perdu sans retour ;
Un ignoble clapier de débauche et de crime,
Que la mort, à mon gré, trop lentement décime ;
Un cloaque bourbeux, un sol gras et glissant,
Où, lorsque le pied coule, on tombe dans du sang.
Ainsi donc jette bas toute sainte pensée,
Comme un épais manteau dont l’épaule est blessée,
Comme un mauvais bâton dont tu n’as plus besoin,
Au premier carrefour jette-la dans un coin ;
Puis, abaisse la tête et rentre dans la foule,