Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moment elles le pénétreraient ; mais parti, il restait indéchiffrablement une énigme et rien ne tourmente plus longtemps la pensée que ce qu’on n’a pas deviné.

Et du dehors, pas une lueur ! Rien pour ces dames de Ferjol ne vint éclairer rétrospectivement l’apparition de cet homme, qui était sorti, un matin, de leur vie et de leur maison, comme il y était entré, un soir, — sans qu’on sût d’où il était parti, quand il vint, et sans qu’on sût davantage où il était allé, quand il fut parti ! C’était la justification du mot de la Bible : « Dites-moi d’où il vient, et je vous dirai où il est allé ! » Il n’avait pas dit d’où il venait… Il était d’un couvent lointain, et il vaguait par toute la France comme tous ceux de son Ordre que les impies traitaient avec mépris de vagabonds. En disparaissant de la bourgade où il avait prêché ses quarante jours, il n’avait pas dit où il allait porter ses prédications éternelles… Il s’en était allé comme la poussière dans le vent… Nulle des villes circonvoisines de la bourgade qu’il venait de secouer par la force de son éloquence, ne vit, un soir, se lever