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minels qui ne sont pas punis par les hommes, et nous ouvrîmes les portes de la nôtre à celui-ci et nous les fermâmes sur lui contre la justice du monde, au nom de la bonté du ciel ! Le Père Riculf était une de ces âmes qui, en rien, ne connaissent de limites. Il a vécu des années parmi nous dans la plus expiatrice des pénitences…

— Et il est mort comme un saint, n’est-ce pas ? interrompit madame de Ferjol, révoltée, et en éclatant de la plus amère des ironies.

Mais se reprenant, et d’un ton moins insultant :

— Mon père, dit-elle, pouvez-vous croire qu’un pareil homme puisse jamais entrer dans le ciel ?…

— Du moins, dit le miséricordieux prêtre, il a vécu des années et il est mort comme quelqu’un qui veut y monter.

— S’il est au ciel, je n’en voudrais pas avec lui, dit madame de Ferjol avec une obstination devenue un entêtement aveugle et presque de la rage.

Le doux prêtre fut blessé au plus profond de sa charité, mais il n’abandonna pas l’impitoyable femme. Il revint plus d’une fois la voir