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l’effort n’est pas de la force ! L’ironique et terrible cercueil avait l’air de se moquer d’elle. Il ne bougea pas. Il semblait cloué au sol. Pour tant peser, se disait-elle, il faut qu’il y ait une morte dedans ?… et toujours elle pensait à Lasthénie… Voulant ce qu’elle voulait et d’une volonté à déraciner les montagnes, mais qui ne pouvait cependant pas soulever ces quatre misérables planches de sapin ; désespérée de sa faiblesse et de cet augure, elle se remit à prier… inutilement encore ; puis, consternée, l’âme vaincue et ne pouvant pas rester là toute la nuit, elle passa le long de l’étroite langue de terre qui s’allongeait des deux côtés, entre le cercueil et les haies. Maintenant, elle obéissait à la peur. Elle en avait le tremblement sur ces mains qui venaient de toucher cette froide bière et dont elle avait matériellement senti la réalité sur sa chair… Seulement, une fois éloignée, elle eut un remords et se dit courageusement : « Si j’allais essayer encore ?… » Mais quand elle se retourna pour y aller, elle ne vit plus rien que la route, la route droite et vide… Le cercueil avait dis-