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N’est-ce pas la destinée ?… Mais alors, ô yeux caméléons, pourquoi ne pas fermer les nôtres, quand vous avez cessé de briller dans nos tristes nuits ? Pourquoi ne pas nous endormir du sommeil qui n’a pas de rêves, — pas même le rêve du rêve, le rêve des reflets évanouis ? Pourquoi enfin viens-tu chaque nuit, ô Insomnie ! comme le spectre d’Ophélie noyée, portant dans tes cheveux mêlés les brins de paille du lit sur lequel nous veillons dans l’angoisse, t’asseoir sur nos pieds en nous regardant, ô Magnétiseuse de Folie ! et nous tuer si lentement avec tes yeux pâles — qui furent les yeux caméléons ?