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IV

Emporte-les, emporte-les, quelque loin et quelque vite que tu ailles ! Et quand tu seras arrivée, ne ferme pas ton cœur à ces regards que tu semblais chercher hier encore, comme on ferme sa fenêtre aux étoiles quand on est lasse de rêver le soir ! Ne jette pas le souvenir de notre journée comme ce bouquet fané. Ton bouquet, en le trempant dans l’eau fraîche, tu pourrais peut-être le faire revivre. Tes étoiles chéries, tu leur rouvrirais ta fenêtre demain soir à la même heure, qu’elles te diraient avec leur rougissant sourire : « Nous vous attendions à votre seuil ! » Mais le bonheur d’hier, tu n’as pas d’eau fraîche pour le faire revivre ; mais les regards de celui qui t’aime, ouvre ta fenêtre et regarde, pauvre désolée : excepté dans ta pensée, tu ne les retrouveras plus !

1834.