Page:Barbey d’Aurevilly - Retour de Valognes, paru dans Gil Blas, 26 décembre 1882.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quilles, dans un des fossés du château. Pour lui, elle n’avait été qu’une quille de plus ! Un autre, en sortant ivre d’une de ces orgies nocturnes, comme ce damné château était accoutumé d’en voir, et se présentant le matin à la communion, passa son épée à travers le corps du prêtre qui la lui avait refusée, et le massacra, tenant l’hostie, sur les marches mêmes de l’autel. Un troisième avait assassiné son frère de ses propres mains, et avait mis le signe de Caïn sur sa race qui, un jour, devait l’y retrouver… Tout tremblait, dans un pays qui, d’ordinaire, ne tremble devant rien, quand on pensait aux Ravalet, et l’horreur pour ces hommes tragiques était devenue si forte, qu’on s’attendait à voir sortir d’eux, un jour ou l’autre, non plus des créatures à visages d’hommes ou de femmes, mais des êtres à forme et à face