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il fait bien de dédier ses œuvres comme au roi des secs en littérature. A tout seigneur tout honneur ! M. Dumas fils et M. Flaubert doivent être les modèles enviés et désespérants de M. Ernest Feydeau. Dans Fanny, il avait appliqué à la vie parisienne et à l’ameublement de l’amour, dans ses meubles, le procédé de M. Flaubert. Il avait tout décrit avec cette minutie d’observation qui détache tout et qui ne fond rien, et qui finit par nous faire entrer l’objet dans l’œil avec tous ses ongles, pour nous le faire voir. Aujourd’hui, il a changé de place sa chambre noire.

Le roman de Catherine se passe à Bruges d’abord, — puis à Bruxelles, — puis à Bruges encore. — Bruxelles n’est là que pour le voisinage, mais Bruges, voilà le point que M. Feydeau a eu pour principal but de décrire. — C’est la description héroïne parmi toutes les autres descriptions. Le roman s’ouvre par une peinture aussi détaillée que la dentelle de cette ville de dentelières et de carillon. Elle est suivie par la description de la maison de la grand’mère de Catherine, où rien n’est oublié, ni le chat, ni le perroquet, ni même les mites du perroquet. Après celle-là, autre description du couvent où l’on met Catherine, et des occupations des religieuses heure par heure. Puis, encore, autre description du château où l’engloutit son ravisseur, et des toilettes qu’il lui fait faire ; puis, encore, autre description de la salle à manger d’un gandin de Bruxelles, le comte de Busterback, caricature qui doit cacher quelque ressentiment ou quelque antipathie, et personnage de bêtise impossible, même à Bruxelles. Enfin, description des changements