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il la remue quand il se retourne, à la manière dont il la soulève quand il se cambre sous elle ! Seulement, la montagne et les mots pèsent, et le poète et le Titan sont pris.

IV

Poète, il l’est, mais s’il n’est pas tout à fait Homère, on n’est pas tout à fait Zoïle non plus parce qu’on dit simplement qu’il n’est pas Homère. Ils croienttous, ces diables de poètes, qu’en jetant à la Critique le nom de Zoïle, ils s’appliquent à eux-mêmes sur l’estomac le génie d’Homère. Douce et accommodante rhétorique, mais vaine I Victor Hugo n’est, certes ! pas, comme le lui disent les terrassiers de son génie, les travailleurs au chemin de fer de sa gloire et de son immortalité, le plus grand poète du xixe siècle et de la planète ; mais c’est un grand poète, après tout I II fut du triumvirat qui a donné les trois plus grands de l’époque, mais il n’en est l’Auguste que parce qu’il est celui qui a vécu le plus longtemps. C’est un poète génialement bon, quand il est bon, mais génialement mauvais aussi, quand il est mauvais, et le malheur est qu’il est souvent plus mauvais que bon. On l’aime tout à la