Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/349

Cette page n’a pas encore été corrigée

La mesure de sa puissance ? Je vais vous la dire… C’est l’état de détestation et de fureur où il vous met. vous qui la niez !

VI

Les Névroses forment un volume de poésies — faut-il dire lyriques ou élégiaques ? —d’une intensité d’accentuation qui les sauve de la monotonie. C’est par l’intensité prodigieuse de l’accent que ce livre échappe au reproche d’uniformité dans la couleur. Il trouve dans sa profondeur de la variété… Ces poésies, qui expriment des états d’âmes effroyablement exceptionnels, ne sont pas le collier vulgairement enfile de la plupart des recueils de poésies, et elles forment dans l’enchaînement de leurs tableaux comme une construction réfléchie et presque grandiose. Les Névroses se divisent en cinq livres : les Ames, les Luxures, les Refuges, les Spectres et les Ténèbres. Comme on le voit, c’est le côté noir de la vie, réfléchi dans l’âme d’un poète qui l’assombrit encore. Les imbécilles sans âme et à chair de poule facilement horripilée, ont reproché à M. Rollinat, comme un abominable parti pris, le sinistre de ses inspirations.