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le bal masqué, le carnaval, tous les plaisirs de ce débauché de Paris, tiennent une large place comme sources d’inspiration, mais l’émotion du poète les attendrit et les idéalise : Monselet est, avant tout, un élégiaque. Par-dessus l’élégiaque.ily a le lyrique, qui fait à tout instant des vers comme ceux-ci, par exemple (dans le Harem) :

L’une, soulevant ses cheveux Par un geste de canéphore,’ : Montre au fond de ses deux grands yeux

Une caverne de phosphore.

Ou ailleurs (dans Seule) :

Son cœur, son pauvre cœur jusqu’à la mort fidèle,

S’était pris sans espoir d’un amour éclatant I

Ou encore (dans Muezzin) :

Vous pensiez aux jours de courte durée,

Qui laissent en nous fi longs souvenirs ;

A l’espoir qui passe en robe dorée,

Haillons rattachés avec des saphirs !

Mais l’élégiaque est encore plus fort que le lyrique. C’est le génie de l’élégiaque qui a dicté ces choses adorables d’émotion et de simplicité : le poème intitulé Médoc, le Musicien, le Paresseux, le Ruisseau, lesEspagnoles, Encore à Madame X… etc. ; surtout cette pièce de la Leçon de Flûte, que je citerai tout entière pour