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déhanchée et dévergondée comme la danse que j’ai nommée plus haut, et cela étonne d’autant plus dans M. Théodore de Banville, que ce romantique descendu de Ronsard et si souvent païen dans sa poésie :

Et ma strophe do marbre

Sait encor rajeunir la grande Antiquité !

est un spiritualiste chrétien dans ses principes et dans sa vie. Cependant, il faut le reconnaître, tout n’est pas exclusivement gambade en ces Odes funambulesques, cette orgie de mots et d’images. Ce qui revient toujours, c’est le tempérament, et le tempérament du lyrique joyeux revient ici grandir, à plus d’une place, les plaisanteries, les parodies, les calembours et les calembredaines, — car M. de Banville descend jusquelà, — et les relève par l’expression d’une verve poétique toujours palpitante et vibrante. Il y a, dans ces Odes funambulesques, telles pièces qui nous font pressentir les Occidentales, ces Occidentales que l’auteur des Orientales n’aurait, certes ! pas pu écrire, où le poète funambule, qui s’était grisé d’air sur la corde de son vers, reprend son aplomb de Cariatide et ce tempérament gaiement lyrique dans lequel l’esprit d’Aristophane et de Rabelais se joue de Pindare, et où le très étrange et très charmant poète bouffe que voici exécute des ponts-neufs et des pots-pourris sur une harpe aux cordes d’or. Là surtout (dans les Occidentales)