Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/232

Cette page n’a pas encore été corrigée

toujours un clair-obscur sublime, et il ne doit pas s’en désoler. Les fonds noirs vont bien aux têtes de génie, et leur plus belle atmosphère, c’est le mystère à travers lequel on les entrevoit. Les ombres de la nuit allongent les monuments et les statues… Corneille, ce génie dans l’obscurité, entrevu, presque caché, — non pas seulement dans une petite maison noire d’une rue noire de Rouen mais dans la silencieuse fierté de son cœur, — une autre ombre ! — mais aussi dans cette vie étouffante, bourgeoise et pauvre, qui en est une troisième, — parait plus idéal et plus grand. Et quand on y réfléchit, tant mieux peut-être, après tout, que le vieux portrait ait gardé sa fumée et que M. Jules Levallois n’ait pas pu l’essuyer !

III

Ses révélations, en effet, sont assez peu de chose, et n’ajoutent pas beaucoup à ce qu’on savait. Et.d’ailleurs, il y a peu de faits à apprendre dans cette vie studieuse, méditative et fermée de Corneille, et qui n’a transpiré dans l’Histoire que par le génie, la gravité des mœurs et la pauvreté. Corneille est un des hommes comme les voulait Pascal. S’il ne restait pas précisément