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nomme Ronsard ; c’était le itvev[j.a d’un de ces grands poètes de leur temps et de tous les temps, qui ont pour les meilleures cordes à leur lyre les fibres saignantes ou triomphantes de leurs cœurs.

III

Et c’est celle-là, c’est cette Muse de Ronsard, qui, sur l’autre Muse, la païenne, parfaitement morte, est ressuscitée ! C’est celle-là, qui n’est même ressuscitée que parce qu’elle était immortellement humaine ; que parce que nous étions las et dégoûtés des veines saignées à blanc, des cadavres exsangues et des poussières faites par les xvir3 et xvme siècles ; que parce que nous avions soif de la vie, et que nous l’avons reconnue, la vie, au premier soupir qu’elle à poussé et à la première pierre qu’on a dérangée à ce vieux tombeau de Ronsard ! Avant Ronsard, il y avait bien eu, ici et là, dans ce qu’on n’oserait appeler une littérature, quelques vagissements, quelques gracieuses balbuties de poètes au berceau, quelques rêveuses pubertés. Mais il n’y avait pas eu réellement de vie poétique organisée ; mais d’homme complet dans sa force et dans sa majesté de poète, il n’y en avait