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lui, quand l’aigle, qui y était aussi, ne criait pas… La première impression que reçut son génie, cette première impression dont nous restons marqués à jamais, fut l’impression de la maison de son père, où il était né parmilespasteurs, comme Virgile, et les vendangeurs du Méconnais. Il a décrit les premiers spectacles qu’il eut sous les yeux, et qu’on pourrait appeler les Géorgiques dela maison de son père, où son père, adoré comme un roi :

Comptait ses gras troupeaux rentrant des pâturages,

comme, plus tard, quand il entra aux Gardes du Corps, sous Louis XVIII, il a écrit les choses du temps de cet Empire qui finissait dans le désespoir et de cette monarchie qui recommençait, pour finir avec son espérance. Réfugié en Suisse pendant les Cent-Jours, il y vécut tête-à-téte avec laNature.en face des lacs qu’il a chantés comme personne ne les chantera plus, aussi nature lui-même que cette nature ! Rentré en France, il allait entrer dans la célébrité, qui n’est belle que quand on est jeune, mais il venait de dépasser ces vingt-cinq ans regrettés de Byron et le livre finit tout à coup… Ce n’est que quelques pages où Vauteur n’est jamais, mais où il y a Lamartine et Lamartine tout entier.

Car on ne dédouble pas Lamartine ! Il n’y a pas un Lamartine qu’on puisse séparer de Lamartine. 11 n’y a