Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1862.djvu/54

Cette page n’a pas encore été corrigée

IX.

Mais, si nous n’avons pas trouvé dans La Légende des siècles le livre rêvé par le poète dans sa préface, si ces petites Épopées n’en formeront jamais une grande et ne sont que des fragments poétiques, des cartons comme le dit M. Hugo encore ; — pour le coup, caractérisant très-bien son genre de travail, — nous avons trouvé un poète que nous n’attendions guère, un poète vivant quand nous pensions trouver un poète mort ! Vous venez de le voir, Les Contemplations de M. Hugo nous avaient paru l’agonie d’un génie poétique, assez fort pour rester individuel, mais qui s’était abandonné aux philosophies de ce siècle, à ces philosophies dégradées qui l’avaient rendu semblable à elle. Selon nous, il périssait dans ses Contemplations, ramolli dans un panthéisme dissolvant, hébété de métempsychose. Et nous l’avons dit, malgré l’exil ! car si le poète était banni alors, sa poésie n’était pas exilée et elle habitait parmi nous.

Quand donc on annonça La Légende des siècles, nous crûmes ne trouver, dans les deux formidables volumes dont on parlait, rien autre chose que les convulsions d’après la mort de ce vigoureux organisme de poète qui devait, tant il était robuste, avoir terriblement de peine à mourir ! et nous nous dîmes que ce serait là un triste spectacle, une triste chose à constater d’une manière définitive. Une Critique qui a du