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commencement d’un grand poëme qui doit s’achever, mais une composition pourtant, une composition intégrale, car, ainsi que le dit M. Hugo (toujours architecte, comme au temps où il écrivait Notre-Dame de Paris) : un péristyle est un édifice à lui seul. Je ne l’ai point trouvé. De vraie critique non plus ! Presque partout une flatterie de parti et de parti pris, aussi hyperbolique que la poésie de M. Hugo elle-même, mais moins réussie ; une flatterie… à incommoder un homme fier.

M. Victor Hugo a été loué pour ce dernier volume comme en France on loue toute puissance, car littérairement il en est une. Qui songerait à le contester ? En France, on peut bien déplacer la flatterie, mais les chiens couchants y sont éternels. Il y a tels hommes aujourd’hui, dans la littérature contemporaine, qui s’indignent le plus des adorations prodiguées autrefois à Louis XIV et qui ont été, à leur manière, les d’Antin de M. Hugo, seulement moins spirituels et moins ducs. Ajoutons à ces torrents d’éloges deux ou trois égratignures, de parti pris aussi, faites en tremblant sur le marbre qu’elles ont cru rayer, mais, en réalité, rien d’appuyé, d’allant droit au cœur de l’œuvre, tout en respectant le poète et la langue dont on se sert pour lui parler ; rien que de la critique de bout d’ongles et d’ongles taillés trop fin pour ne pas casser. Voilà tout. Vous le voyez ! En somme, nulle Critique vraie, car la Critique vraie, c’est la justice, et la justice se compose également de sévérité dans la sympathie et de sympathie dans la sévérité.