Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1862.djvu/42

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le sommet vers le bas, l’amour vers l’appétit.

Avec le grand qui croule elle fait le petit.

………………………………………………………………………

Dieu ne nous juge point. Vivant tous à la fois,

………………………………………………………………………

Tel est le système religieux de M. Hugo, et les vers sont dignes du système. Voici, du reste, encore des développements :

Nous pesons et chacun descend selon son poids !

Les tombeaux sont les trous du crible cimetière,

D’où tombe, graine obscure, en un ténébreux champ,

L’effrayant tourbillon des âmes !

………………………………………………………………………

Et tout, bête, arbre et roche, étant vivant sur terre,

Tout est monstre, excepté l’homme — esprit solitaire.

L’âme, que sa noirceur chasse du firmament,

Descend dans les degrés divers du châtiment,

Selon que plus ou moins d’obscurité la gagne.

L’homme en est le cachet, la bête en est le bagne,

L’arbre en est la prison, la pierre en est l’enfer… Et ici nous entrons, avec le grand songeur, dans les métamorphoses d’Ovide sans Ovide, cet autre exilé qui resta, lui, spirituel, charmant, touchant et surtout latin, dans son exil ! M. Hugo les refait à sa manière. Son esprit met le poing de Han d’Islande sur ces cristaux et sur ces fleurs. M. Hugo croit à la métempsychose, c’est tout simple. Nous l’avons dit plus haut, il n’est pas responsable de cela. Seulement, sur cette vieille erreur de la métempsychose, il pouvait trouver de beaux vers. Il pouvait, puisqu’il y croit (y croit-il ? quelque chose fonctionne-t-il