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J’ai frappé chez le bonheur,

Et j’ai trouvé porte close. Nous refrapperons, qu’importe !

Le bonheur nous ouvrira !

S’il résiste, on lui fera

Sauter les gonds de sa porte ! Oh ! ma peine est trop profonde,

Plus de gaieté désormais ;

J’ai perdu ce que j’aimais,

Tout ce que j’aimais au monde. Vous avez perdu, ma belle,

Ce qui se retrouvera, etc., etc.

Il faut bien l’avouer, par l’exécution la plus générale de ses poésies, il touche aux Matériels. Il est descriptif et chaud dans la description, comme ils disent, et cela explique sur l’épaule la main sympathique de M. Gautier. Seulement, il y a plus que l’exécution, réussie en quelques endroits, à simplifier, à aériser, à diaphaniser partout, pour qu’elle soit plus digne de l’inspiration qui doit y descendre comme une haleine plus pure dans une flûte de cristal. Il y a plus que cette exécution à reprendre dans la poésie de M. Auguste de Châtillon, et ici je touche au point vif de son Recueil… Il y a une influence et une influence terrible dont il n’est pas le seul parmi les poètes à porter le poids et que je voudrais lui voir repousser.

Et c’est difficile, car c’est le poids du siècle, et le génie seul est assez robuste pour pouvoir rejeter ce fardeau… Dans tout poète, il y a deux choses : ce que Dieu y a mis et ce que le monde, dont nous faisons partie, y ajoute. Quand le monde est à l’Idéal, aux