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appela, un soir, un Werther carabin, mais auquel il fallait ajouter aussi un Wordsworth ; dans Le Calme, où il y a encore beaucoup de bombast lamartinien que je ne voudrais pas y voir, mais où je rencontre de ces traits de paysage qui rachètent tout :

La quille où s’épaissit une verdâtre écume,

Et la pointe du mât qui se perd dans la brume.

Enfin elle est dans la Muse, La Veillée, superbe de sinistre :

Moi, pendant ce temps-là, je veille aussi, je veille

Auprès d’un froid grabat sur le corps d’un défunt,

C’est un voisin, vieillard goutteux, mort de la pierre, etc.

Dans le Dévouement, qui n’est plus que la générosité de ce cœur exaspéré de solitude, — dans ce beau portrait d’une touche lumineuse et cependant si mélancolique,

Toujours je la connus, pensive et sérieuse,

où, sous la placidité familière des images, on sent l’agitation de l’âme qui voudrait se rasséréner dans ce calme de la raison et de la vertu ; dans L’Enfant rêveur, Le Creux de la vallée, En m’en revenant un soir d’été, après neuf heures et demie, La Gronderie, la Pensée d’automne ; dans la magnifique pièce, souvenir, allumé comme un candélabre, dans l’âme de tout ce qui eut vingt-ans :