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contre Louis XIII et la Régente. Saint-Evremond, qui ne valait pas mieux que Fontenelle par la moralité réfléchie ou par la moralité instinctive, mais qui lui était très-supérieur par le talent, Saint-Evremond était plus hardi, mais il était en Angleterre, — cet asile contre la France toujours.


III

Mais, faux par l’accessoire, le mot est faux aussi en lui-même. L’Imitation n’est point et ne saurait être le premier des livres humains, car il n’est pas humain de confondre la cité domestique et la cité monastique, comme le faisait le vieux Tyrcis, qui ne comprenait pas plus l’une que l’autre, et comme le feraient tous ceux, qui ne verraient pas que l’Imitation est une œuvre exclusivement monacale. Pour qui la lit, en effet, avec le genre d’esprit et d’attention qui pénètre les livres, celui-ci, pâle, exsangue, d’un amour exténué, avec son expression bien plus métaphysique que vivante, s’adresse formellement et essentiellement à des moines, tournant le dos au monde proprement dit ; voulant rendre le correct plus correct, proposant — et il ne faut pas s’y tromper, car la méprise serait grossière — la vie parfaite et de conseil, et non pas la vie de précepte. Si l’on avait dit de l’Imitation qu’elle était le premier des livres de Moine, l’erreur eût été moindre, mais ce n’eût pas été le vrai encore.

N’y eût-il que la grande Sainte Térèse, — et il y en