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montrer qu’elle nous atteignait et nous ne l’avons pas rassise à sa place, comme un enfant révolté qui mérite le fouet ! Alors, impunies, elles ont débordé… Ç’a été une invasion de pédantes au lieu d’une invasion de Barbares. Du moins les Barbares apportaient un sang neuf et pur au sang corrompu du vieux monde ; mais les pédantes qui, dans la décrépitude de ce monde, ont remplacé les Barbares, ne sont pas capables, ces bréhaignes ! de le féconder !

Et prochainement, il crèvera d’elles dans un Trissotinisme universel. La « comédie sanglante » de Pascal finira par de l’encre, aux éclats de rire des Tacites de l’avenir. La Démocratie, mère du Bas-bleuisme, le culot mal venu de tous les bâtards qu’elle a faits, la Démocratie qui, pour avant-dernier chef-d’œuvre, a métamorphosé des êtres humains en unités arithmétiques, et mis en poussière ce qui fut, dès le commencement de l’univers, le ciment social, est arrivée, par la femme, au dernier atome de cette poussière. Après celui-là, la matière que l’on croyait divisible à l’infini ne se divisera plus…

À moins pourtant que dans ce monde du devenir d’Hegel et du Ça ira des Sans-Culottes, il n’entre dans la caboche humaine l’idée — très-digne d’elle — qu’à l’aide de l’éducation et de la science, on peut tirer de la fange de leur animalité les chiens et les singes et les faire entrer avec nous — et au même titre que nous, — dans l’immense et imbécile farandole du Suffrage universel !



fin de la première série des bas-bleus.