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légèreté de conscience qu’ont les femmes (beaucoup plus communistes qu’on ne croit), lorsqu’elles s’approprient les choses qui leur plaisent, si dangereuses qu’elles soient à prendre.

Réminiscences qui ne comptent pas ou qui comptent trop. Si on les ôtait de sa pensée et de ses œuvres, que resterait-il à Mme de Chandeneux ?… On pourrait alors ramener à un seul tous les procédés qu’elle emploie pour créer les situations dont elle a besoin. Quoique ses romans soient nombreux pour le temps qu’elle écrit et semblent se presser et se monter comme des moutons, sur le dos les uns des autres, Mme de Chandeneux est au fond, — peut-on dire, au fond ? — un esprit stérile, sans variété de moyens et de ressources. Même dans Une faiblesse de Minerve, le plus récent de ses livres, qui, du moins, témoigne de plus d’attention, d’observation et de repli que ses romans si superficiellement militaires, l’intérêt principal du récit, qui est l’intérêt du dénouement, repose tout entier sur une méprise encore ; sur la substitution d’une personne à une autre, espèce de tour de passe-passe, manqué dans l’imagination du lecteur, par la manière dont on le raconte. Je ne sache rien de plus maladroitement et de plus grossièrement exécuté que cette impudente supercherie, et je ne sache rien non plus qui prouve davantage l’infériorité et la pauvreté d’un esprit qui s’efforce et qui se tortille dans une telle recherche, pour aboutir à un résultat d’une si évidente impossibilité !


III


Et maintenant, je ne dirai pas un mot de plus. Je me suis tenu à distance des détails de ces livres de femme, écrits comme ils sont pensés, et dans lesquels on n’en trouve pas vraiment un seul qui y soit mis en œuvre par l’art ou par la réflexion. On dirait que la production