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XVI

Pour l’abbé de la Croix-Jugan, la légende vint après l’histoire.

« J’avoue, — dis-je à l’herbager cotentinais quand il eut fini son récit tragique, — j’avoue que voilà d’étranges et d’horribles choses ; mais quel rapport, maître Louis Tainnebouy, cette messe de Pâques a-t-elle avec celle que nous avons entendue sonner il y a deux heures, et que vous avez nommée la messe de l’abbé de la Croix-Jugan ?

— Quel rapport il y a, monsieur ? — fit maître Tainnebouy, — il n’est pas bien difficile de l’apercevoir après ce que j’ai tant ouï raconter…

— Et qu’avez-vous donc entendu, maître Louis ? — repartis-je, — car je veux, puisque vous m’en avez tant dit, tout savoir de ce qui tient à l’histoire de l’abbé de la Croix-Jugan.

— Vous êtes dans votre droit, monsieur, — fit le Cotentinais, dont la parole n’avait pas le même degré de vivacité qu’elle avait quand il me racontait son