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CXLVIII


« Est-il fou ? — pensai-je — ou bien l’amour, si riche en développements inattendus, l’aurait-il jeté dans les études historiques ?… » Mais il ne remarqua point mon étonnement, ou, s’il le vit, il ne s’y arrêta point. « La bague d’Annibal — poursuivit-il — avait une pierre, et sous cette pierre, il y avait une goutte de poison. C’est avec cette goutte de poison que se tua Annibal. Eh bien ! il y a des bagues sans pierre qui renferment un poison plus subtil que celui d’Annibal ; car c’est un poison invisible. Seulement — ajouta-t-il avec une gaieté parfaite — ce poison-là ne tue pas les grands hommes, mais une petite chose : il tue l’amour. »