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n’y était pas. Voilà pourquoi l’auteur, un Montesquieu de demi-teinte, fut proclamé un vrai Montesquieu de plein jour. Malheureusement pour la réputation, si vite poussée, de Tocqueville, nous ne sommes plus à cette époque de juste milieu jusque dans la pensée. Nous avons vu beaucoup de choses s’en aller en morceaux, que les politiques d’il y a vingt ans[1] croyaient éternelles. La notion des gouvernements parlementaires a été légèrement entamée, ainsi que celle des républiques. L’Amérique et sa démocratie sont à la veille de recevoir du temps le plus rude coup que le temps puisse porter aux vaines combinaisons des hommes. Dans de telles circonstances, pour faire un livre qu’on puisse lire sur l’ancien Régime et la Révolution française, il est nécessaire de sortir des crépuscules par lesquels on s’est glissé dans la renommée, et de ne pas s’effacer, comme une ombre d’homme, devant la rigueur d’une conclusion.

II

Eh bien, cette nécessité a été méconnue ! Quoique le volume ne soit que la première partie d’un ouvrage qui doit en avoir deux, quoique nous ne soyons pas encore entrés dans la Révolution française, le livre de

  1. En 1856.