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de l’âtre, que mademoiselle Sainte appelait un criquet, s’était endormi.

— Tiens ! dit le baron de Fierdrap, je n’ai pas pris mon thé, de toute cette histoire ! Il ouvrit sa théière et y plongea son nez. L’eau, à force de bouillir, s’était évaporée.

— Image de tout ! fit l’abbé très-grave. Allons-nous-en, Fierdrap ! laissons ces demoiselles se coucher. Nous avons fait une vraie débauche de causerie, ce soir.

— Il n’est pas tous les jours fête, dit le baron. Seulement, j’ai une diable d’envie d’être à demain. Puisque tu es sûr de l’avoir vu ce soir sur la place des Capucins, nous aurons peut-être demain des nouvelles du chevalier Des Touches. »

Et ils s’en allèrent, mademoiselle de Percy ayant englouti sa vaste personne et son baril oriental sous son coqueluchon de tiretaine. L’abbé, qui avait plus raison que jamais de l’appeler « son gendarme, » lui prit le bras d’autorité, et lui chantonna à demi-voix, en traînant ses sabots par les rues, les premières paroles d’une chanson qu’il avait faite, un jour, pour elle :

Je connais un militaire
Qui va disant son bréviaire
Et qui, dans son régiment,