Page:Barbey d’Aurevilly – Du dandysme et de Georges Brummell.djvu/87

Cette page a été validée par deux contributeurs.

il impunément blessé les favorites, que le Prince, attaqué dans sa personne physique, son véritable moi, ne l’aurait pas souffert sans ressentiment. Le « Quel est ce gros homme ? » dit publiquement par Brummell à Hyde-Park, en désignant Son Altesse Royale, et une foule d’autres mots semblables expliquent tout, bien mieux qu’un oubli de convenances, justifié, du reste, par un pari.

Mais ni l’éloignement rancunier du Prince, ni les revers au jeu, n’avaient encore, vers cette époque (1813), ébranlé la position de Brummell. La main qui avait servi à son élévation, en se retirant ne l’avait pas fait tomber, et l’opinion des salons lui était demeurée fidèle. Ce ne fut pas assez. Le Régent vit avec amertume un Dandy à moitié ruiné lutter fièrement d’influence contre lui, l’homme le plus élevé de la Grande-Bretagne. Anacréon-Archiloque Moore, qui n’écrivait pas toujours sur du papier bleu-céleste, et dont la haine irlandaise savait trouver parfois le mot qui poignarde le mieux, mettait dans la bouche du Prince de Galles ces vers adressés au duc d’York et cités partout : « Je n’ai jamais eu de

    elle ravale Mme de Staël jusqu’à n’être plus que la fille de Mme Necker.