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maintenant, car alors le mot n’existait pas : l’originalité. Avant de l’aimer, déjà, dans un carrousel, Mademoiselle est frappée de l’air de Lauzun (il était alors comte de Péguylem) et de sa devise orgueilleuse : une fusée qui monte dans les nues avec cette devise en espagnol : Je vais le plus haut qu’on peut monter. Elle la trouve singulière, cette devise. Singulière ! le mot y est.

Lauzun, avant d’être capitaine des Gardes, était colonel des dragons, dont les bonnets, dit-elle, « marquaient une espèce de bravoure dans cette troupe qu’on ne voyait pas dans les autres… » « Leur colonel parut, ajouta-t-elle, avec un air qui le distinguait autant des autres officiers qu’il l’avait fait dans les occasions où ils ne pouvaient l’imiter qu’avec peine… Il était extraordinaire en tout… Pour moi, qui le trouvais un homme d’esprit, j’aurais aimé, dès ce temps-là, à lui parler, tant la réputation d’honnête homme et d’homme singulier me touche ! Il était particulier. Il se communiquait à peu de gens. Je savais cela plus par autrui que par moi-même. » Quand il fut nommé capitaine des Gardes, dont il prit le bâton et fit la fonction, dit-elle encore, « avec un air grand et aisé, plein de soins, sans empressement, je commençai à le regarder comme un homme ex-