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un pas vers l’avenir, revient s’asseoir dans son passé. Si haut qu’elle cingle sur la mer du temps, elle ne brise jamais entièrement, ― comme le Corsaire de son plus grand poète, ― la chaîne qui l’attache au rivage. Pour elle, qui retient tout, qui garde tout, marble to retain, l’habitude asservit d’étrange sorte. Pour elle, la septième peau du serpent ressemble toujours à la première qui l’a dépouillée. On croit un instant la trace de ce qui n’est plus évanouie : on écrit sur ce palimpseste, et il ne faut qu’une circonstance pour que ce qu’on croyait effacé reparaisse, lisible, ferme, éclatant. Aujourd’hui le Puritanisme auquel le Dandysme, avec les flèches de sa légère moquerie, a fait une guerre de Parthe, ― en le fuyant plutôt qu’en l’attaquant de front, ― le Puritanisme blessé se relève et panse ses blessures. Après Byron, après Brummell, ― ces deux railleurs d’un ordre si différent, mais d’une influence peut-être égale, ― qui n’aurait pas cru sur le flanc la vieille moralité anglicane ? Eh bien, non, elle n’y est pas. Le cant indéfectible, immortel, a vaincu encore. L’aimable fantaisie n’a qu’à jeter son sang d’essence de roses vers le ciel. Elle succombe sous l’opiniâtre nature de ce peuple indomptablement coutumier, l’absence de ces grands écri-