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yeux. Placé sur le passage de George, il s’y tint avec une douloureuse contrainte. L’ancien convive de Carlton-House le vit sans l’espèce d’émotion qu’on trouve à revoir un compagnon de sa jeunesse, ― ce regret souriant du passé, poésie à l’usage des plus vulgaires. Dans un autre moment, comme on lui offrit une tabatière qu’il reconnut pour avoir fait partie de la fameuse collection de Brummell, il demanda qu’on le lui présentât et fixa l’heure de la réception pour le lendemain. Que serait-il arrivé s’il l’avait vu ? Le Roi de Calais, comme on disait de Brummell, serait-il retourné régner à Londres ? Mais le lendemain, des dépêches ayant forcé Georges IV d’avancer son départ, Brummell fut parfaitement oublié. Son peu d’empressement avait été au moins égal à l’indifférence du Prince. C’était une faute que cet indolent dégoût de toute avance vis-à-vis du roi d’Angleterre, quand on se place au point de vue de la politique de la vie ; mais, s’il ne l’avait pas commise, il aurait été moins Brummell[1].

Depuis, Georges IV ne reparla jamais du

  1. On pense involontairement aux vers divins (dans le Sardanapale) :

    If ................ thou feel’st an inward shrinking from This