Page:Barbey d'Aurevilly - Le Parnasse contemporain paru dans le Nain Jaune, 1866.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.

II


Et ceci — qu’on ne s’y méprenne pas ! n’est point la critique, microscopique et vaine, d’un chercheur de petite bête jusque dans le titre, non pas ! mais c’est le signe du reste ; c’est le signe du livre et du temps, de ce mal du temps que je retrouve partout — l’absence absolue d’invention, le manque radical d’originalité. N’avoir d’idées sur rien, tel est le caractère du livre qui n’a pas su même se nommer. Tel aussi le caractère de l’époque à laquelle appartient ce livre, laquelle non plus n’a pas plus d’idées en haut qu’en bas, dans les plus grandes choses que dans les plus petites, dans les poésies de ses poètes, par exemple, puisque aujourd’hui nous parlons poésie, que dans les plus frivoles ajustements de ses femmes, cette poésie inférieure, je le veux bien, mais encore pourtant cette poésie ! Les chapeaux du dix-huitième siècle, les robes de l’Empire, montrent autant de sécheresse d’esprit de la part des sottes modistes qui y reviennent, que le titre de Parnasse donné à un recueil de vers par des poètes vides qui reviennent aux mêmes métaphores, cette mode passée des mots !