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À Odin, ces faux Scandinaves ?… Ont-ils (excepté M. Eugène Villemin, chez qui j’ai entendu cette corde d’airain résonner) ont-ils le moindre sentiment de la moralité humaine ?… ont-ils ce sentiment moral qui fut parfois chez ces Anciens qu’ils imitent, — qui y fut, fragmenté, affaibli, souillé, — mais qui y fut comme le diamant est sous la fange, et n’en est pas moins le diamant pour cela ?… Non ! ils ne l’ont jamais eu. Et j’insiste sur ce point, j’insiste parce qu’un poëte (qui ne leur ressemble pas) m’a fait cette noble objection pendant que j’écrivais les Médaillonnets de ces Parnassiens de même visage : « que j’avais tort, au moment où la littérature est justement accusée d’abaissement d’attaquer à plaisir les poëtes qui sont l’expression de la littérature la plus élevée ». Certes ce serait la vérité si la poésie du Parnasse contemporain n’était mauvaise que par la forme, mais elle est radicalement mauvaise par l’inspiration, et c’est pour cela qu’il faut être implacable ! La poésie des Parnassiens ne pense ni ne sent. Elle n’est qu’un vil exercice à rime, à coupes de vers, à enjambements. Enjambements, ronds de jambes de danseuses, et toutes les indécences qui suivent d’or-