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II


Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on fait des livres comme le Parnasse contemporain. En Angleterre, en Allemagne, partout, il s’en publie, et depuis des années. Partout on sait réunir sous la même couverture, tous les échantillons plus ou moins bien choisis de la poésie d’une époque déterminée, pitoyables publications, du reste, qui ne sont inventées que pour le besoin des natures superficielles et vaniteuses, lesquelles veulent avoir sur tout des notions d’à-peu-près, c’est-à-dire sans exactitude et sans profondeur. D’ordinaire ce sont des marchands, des spéculateurs sur la vanité, la paresse et la curiosité publiques qui éditent ces méprisables livres réputés commodes ; mais il peut se rencontrer que ce soient des Écoles, qui ne sont pas d’hier non plus dans le monde, et qui exposent parfois dans un volume commun des poésies communes entre elles par une inspiration générale ou par des procédés particuliers de composition. Si je ne me trompe, en Angleterre, l’école des Lakistes a fait de ces publications… Mais ni en Angleterre, ni en Allemagne, ni nulle part, on n’a vu, dans un recueil quelconque, le phénomène qui vient de se produire dans le Parnasse contemporain, à savoir : que trente-six cervelles pouvaient n’é-