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M. ERNEST LE FÉBURE


Le Fébure ! il y a, je crois, un organiste de ce nom, et j’en aime mieux la musique. M. Ernest Le Fébure ne s’appuie pas, comme M. Armand Renaud, sur le trident Hugo, Gautier, Baudelaire, mais sur la fourche Baudelaire-Hugo. Que vous dirais-je ? Je m’ennuie, et vous aussi, n’est-ce pas ? de cette longue procession de Pénitents de la Poésie identique (hélas ! non, ils ne s’en repentent pas et ils n’en font pas pénitence) à la tête enveloppée du même sac. M. Le Fébure, qui a chanté Les Pingouins, semble se comparer à eux :

D’une imbécillité calme que rien n’émeut,
Ils se laissent, en cercle, assommer sur la grève,
Et moi je sais un être abruti qui ne peut
Nager dans l’action ou planer dans le rêve,
Fixe, les bras pendants, les yeux perdus au loin,
Oh ! l’assommera-t-on bientôt…

(Misanthropie baudelairienne ! )
Ô vieux pingouin !

Eh bien, non ! ce ne sera pas moi qui l’assommerai !

J’ai toujours eu du goût pour les animaux modestes !