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M. EMMANUEL DESESSARTS


Deux clairs de lune, — la grande lune Hugo, — et la petite, le croissant Banville, noyés dans une agréable vapeur d’aprilée, pour parler comme lui, Renaissance et platonicienne, tel M. Emmanuel Desessarts qui serait poëte, si les poëtes se faisaient à l’École Normale, comme les professeurs ! Malheureusement, ou plutôt heureusement, les poëtes ne se font que dans la vérité de la douleur ou de l’ivresse de la vie, puisque le bonheur n’existe pas… M. Emmanuel Desessarts a fait du Hugo presque réussi dans ses Vierges… mais il vaudrait mieux être soi et ne pas réussir !



M. ÉMILE DESCHAMPS


Le second ou plutôt le premier du nom. M. Émile Deschamps eut son jour dans un temps… de gloire. Aimable, spirituel, très femme par le talent, il est comme les femmes qui sont restées très femmes, en cessant d’être femmes, il aime la jeunesse, et voilà pourquoi il s’est compromis avec ces lycéens ! Talent souple et de reflet, — même en ses plus beaux jours — le croira-t-on ? il a choisi, lui, le gracieux à son déclin, pour modèle, le poëte le plus opposé à son imagination naturelle. La sylphidette a aimé le portefaix ! M. Émile Deschamps, Parnassien déplacé, a