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sonnets. Il cultive cette forme écourtée, chère aux asthmatiques du temps… Nous aurons peut-être un jour des faiseurs de distiques comme nous avons maintenant des faiseurs de sonnets. Ceux de M. Ménard n’ont pas la précision tranchée, le mordant de cette forme où tout doit être sonore et net comme le mot le dit : « le sonnet ! » Charpie prise à la forte étoffe Hugo, la poésie de M. Louis Ménard est molle, brumeuse, emphatique, et d’un ennui !… sa seule manière d’être idéale !


M. ALEXANDRE COPPÉE


Très vanté pour l’heure ! Mais M. Victor Hugo encore ! M. Victor Hugo toujours ! Non plus en charpie, mais très tenu, très travaillé, très tricoté, très distinct, trop distinct, tellement Hugo que c’en est honteux d’intellectuelle dépendance. De M. Victor Hugo tout y est : le rythme et la couleur et les expressions (voir les pièces Vers le passé et Rédemption), et l’antithèse (voir Innocence), et par-dessus, mettez le couronnement d’une pirouette que nous avons déjà vu faire à M. de Banville (V. Le Jongleur), laquelle démontre que si M. Coppée, ce Janus poétique, est un Hugo par-devant, il n’est qu’un Banville par-derrière… Mais le vrai poète n’existe pas, dans l’entre-deux !