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pour sa fille, qui n’a pas peu contribué à la faire mourir.

« — On dit cela ! — repris-je, plus épouvanté d’avoir pensé juste que je ne l’avais été d’avoir pensé faux, — mais qui peut savoir cela ?… Karkoël n’était pas un fat. Ce n’est pas lui qui se serait permis des confidences. On n’a pu jamais rien savoir de sa vie. Il n’aura pas commencé d’être confiant, ou indiscret, à propos de la comtesse de Stasseville.

« — Non, — répondit le chevalier de Tharsis. — Les deux hypocrites faisaient la paire. Il est parti comme il est venu, sans qu’aucun de nous ait pu dire : « Il était autre chose qu’un joueur. » Mais, si parfaite de ton et de tenue que fût dans le monde l’irréprochable comtesse, les femmes de chambre, pour lesquelles il n’est point d’héroïnes, ont raconté qu’elle s’enfermait avec sa fille, et qu’après de longues heures de tête-à-tête, elles sortaient plus pâles l’une que l’autre, mais la fille toujours davantage et les yeux abîmés de pleurs.

« — Vous n’avez pas d’autres détails et d’autres certitudes, chevalier ? — lui dis-je, pour le pousser et voir plus clair. — Mais vous n’ignorez pas ce que sont des propos de femmes de chambre… On en saurait probablement davantage par Mlle de Beaumont.

« — Mlle de Beaumont ! — fit le Tharsis. — Ah !