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passage de l’assassin et du voleur. Les deux voisins, l’épicier et le pâtissier, mandés au parquet, donnèrent le signalement d’un individu aux allures suspectes, qui, dans l’établissement, à l’heure où l’on découvrait le cadavre, élevait la voix et demandait d’un ton brutal si on ne lui donnerait pas bientôt à manger. Les témoins, à qui cet homme était inconnu, avaient tous deux été frappés de la dureté de ses traits et de son accoutrement. Sa casquette en velours jaunâtre, à côtes, sa veste en drap roux, son pantalon à raies, étaient encore devant leurs yeux. Ce signalement fut transmis aux agents de la police de sûreté, qui, sans perdre un instant, se mirent en campagne.

« Disséminés dans les cabarets du voisinage, ils ne tardaient pas à mettre la main sur un individu exactement semblable à celui qu’on leur avait signalé. Les témoins, avec qui il fut confronté, crurent en effet le reconnaître, mais non sans faire quelques réserves. Il marqua au reste une extrême surprise, se défendit énergiquement du crime dont on le soupçonnait, et se montra parfaitement rassuré sur les suites de l’affaire. Toutes ses réponses furent précises, catégoriques. Il s’appelait Bannes, il était marié, il travaillait chez un corroyeur, demeurait rue des Noyers. Une descente eut lieu dans son domicile. Tout y respirait l’aisance. On n’y trouva de suspect qu’une somme