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les malades, enterrait les morts. Outre qu’il sauva nombre de gens par l’intrépidité de son exemple, à force d’énergie il préserva de la peste une ville déjà dépeuplée par l’épidémie. Cependant, le fléau passa sur sa tête et celle de son fils sans même y toucher. Il semblait décidément que cet homme qui méprisait si profondément la mort fût également méprisé d’elle.

En dépit de tels services, la reconnaissance à son égard se bornait à une sorte d’admiration superstitieuse. Il donnait lieu à trop de marques singulières et inquiétantes. Les remercîments ne lui causaient que de la gêne. Le contact de ses semblables le rendait tout honteux. Sa tristesse, son abnégation, sa témérité, ressemblaient aux effets du remords. De plus, il était notoire que de sa maison, la nuit, s’échappaient parfois des hurlements sauvages à croire que le père et l’enfant se prenaient de querelle et se ruaient l’un sur l’autre. Comment ne l’eût-on pas fui, quand déjà son extérieur, sa taciturnité, la vue de son fils, suffisaient et au delà à éteindre aussitôt dans tous les esprits jusqu’à la velléité de le connaître intimement ?

Sosthènes occupait le premier étage d’une maison située non loin du domicile de Clément. Les contradictions étaient évidentes dans quelques-uns des bruits dont celui-ci était l’objet. On pouvait d’ailleurs les avoir inventés, ou du moins singulièrement