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SOCRATE ET SA FEMME




Le théâtre représente la petite cour intérieure de la maison de Socrate. Devant le mur de droite et celui de gauche, percés chacun d’une porte donnant sur les appartements, règne une rangée de colonnettes en bois, soutenant une corniche avancée. Le mur du fond, épais et percé d’une porte qui s’ouvre sur le vestibule, est surmonté d’une petite terrasse sur laquelle fleurissent des myrtes et des lauriers-roses. À gauche du spectateur, quelques chaises avec leurs coussins ; à droite, une table et un lit de repos. Au lever du rideau, Socrate debout et immobile, parle lentement et avec le regard fixe, comme absorbé par une vision intérieure.



Scène première


SOCRATE, puis XANTIPPE.
Socrate.

Le corps, hideux et vil, subit tous les désastres ;
Mais l’âme suit le vol redoutable des astres
Et, comme eux, plane aussi dans le ciel radieux ;
Comme un monstre effrayant et divin, couvert d’yeux,
Elle vit dans la nuit et dans l’horreur sublime
Du chaos sombre et dans le néant de l’abîme,
Et contre la mort même elle trouve un abri
Dans sa propre vertu.