Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/67

Cette page n’a pas encore été corrigée

Certes entre Boileau et la Rime c’était une guerre à mort, car, en lui dictant des mots qui exprimaient le contraire de sa pensée, Timplaca- ble Déesse avait encore soin que ces mots ne rimassent pas entre eux ! Car si le mot Quinaut exprimait mal la pensée de Boileau, il était bien malheureux pour lui qu’il en fût réduit à le faire rimer avec défaut, puisqu’il manque à cette rime la CONSONNE d’appui, et que pour rimer convena- blement avec défauty il aurait fallu écrire non pas Quinaut mais Quivaut.

La CONSONNE d’appui est la consonne qui, dans les deux mots qui riment ensemble, se trouve placée immédiatement devant la dernière voyelle ou diphthongue pour les mots à rime masculine, et immédiatement devant l’avant-dernière voyelle ou diphthongue, pour les mots à rime féminine. Ainsi dans les quatre vers suivants : Premier mai ! Tamour gai, triste, brûlant, jaloux. Fait soupirer les bois, les nids, les fleurs, les loups; L’arbre où j’ai, l’autrt automne, écrit une devise, La redit pour son compte et croit qu’il l’improvise. Victor Hugo. Premier Mai. Les Contemplations, Livre II, i. la consonne d’appui pour les mots masculins y«- loux et loups est la lettre L ; et pour les mots fémi- nins devise et improvise, la consonne d’appui est la letlre V. Sans consonne d’appui, pas de Rime