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La Glose. La Glose est un poëme dans lequel un autre poëme connu et même célèbre est paraphrasé ou parodié en strophes de quatre vers, de telle façon que, du premier au dernier, chacun des vers du poëme parodié reparaît à son tour dans la Glose, comme dernier vers de chacune des strophes de la Glose.

C’est pour ce poëme surtout qu’on peut dire que le combat finit, ou plutôt ne commença pas, — faute de combattants. Il n’y a presque jamais eu, il n’y aura presque jamais de poëme assez célèbre pour devenir le motif d’une Glose. La chose arriva pourtant. On sait que le fameux sonnet de Voiture Sur Uranie et le non moins fameux sonnet de Benserade dit Sonnet de Job, opposés l’un à l’autre, divisèrent la cour et la ville, et qu’il se forma deux partis, les Jobelins et les Uranins, attaquant et soutenant par des combats acharnés la supériorité de chacun de ces aimables chefs-d’œuvre sur le chef-d’œuvre rival. Iliade en miniature, qui eut ses Ajax et ses Achille ! L’admiration et la querelle s’envenimèrent à ce point que tout Paris sut par cœur l’un et l’autre sonnet, ce qui permit à Sarazin d’écrire une Glose à propos du Sonnet de Job, ou plutôt contre le Sonnet de Job. Voici les deux poèmes, le Sonnet et après lui la Glose. Cette