Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et de son harmonie, que nous avons besoin de jouir toujours non-seulement de la façon dont elle est amenée et présentée, — mais d’elle-même, de la surprise et de l’éclat des sons dont elle fait résonner à notre oreille la musique variée et triomphale. Cependant tout ce qu’on pourrait dire contre la Sextine est réduit à néant par les sextines de M. de Gramont, si bien que mon conseil, en somme, doit se borner à ceci : N’en faites pas… ou faites-les comme lui !


Je terminerai, comme le cuisinier, par une recette. Les procédés matériels que j’ai recommandé de ne pas employer lorsqu’il s’agissait des poëmes précédents, peuvent être appliqués sans danger — pour la Sextine, et, une fois la première strophe trouvée, il n’y a aucun inconvénient à écrire six fois de suite, disposés suivant les six combinaisons dans lesquelles ils doivent reparaître, les six mots qui terminent les vers de la première strophe. Comme cet arrangement est prévu, voulu et inévitable, on peut l’avoir sous les yeux sans qu’il enlève rien à l’inspiration, et il la facilite plutôt, en permettant à l’esprit d’embrasser à la fois les combinaisons infinies, à la fois mathématiques et souverainement idéales à l’aide desquelles doit être réalisée la Sextine parfaite.