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que, sans elle, le vers nous berce et nous endort. Toutes les règles de toutes les versifications connues n’ont pas d’autre origine que ce double besoin, qui est inhérent à la nature humaine. Et nous montrerons successivement qu’en fait de vers on est toujours bien guidé par la double recherche de l’Unité et de la Variété, et que lorsqu’on commet une faute, c’est toujours parce qu’on a transgressé une de ces lois fondamentales.

Le vers français ne se rhythme pas, comme celui de toutes les autres langues, par un certain entrelacement de syllabes brèves et longues. Il est seulement l’assemblage d’un certain nombre régulier de syllabes, coupé, dans certaines espèces de vers, par un repos qui se nomme césure, et toujours terminé par un son qui ne peut exister à la fin d’un vers sans se trouver reproduit à la fin d’un autre ou de plusieurs autres vers, et dont le retour se nomme la rime. Il y a, en français, des vers de toutes les longueurs, depuis le vers d’une syllabe jusqu’au vers de treize syllabes. On a prétendu à tort que les vers de neuf, de onze et de treize syllabes n’existent pas. Ce n’était qu’une affirmation vaine et qui ne s’appuie sur rien. Voici des exemples de tous ces vers différents :