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« Ton génie au voI large, éclatant, gracieux,
               « Qui, mieux que l’hirondelle,
« Tantôt rasait la terre et tantôt dans les cieux
               « Donnait de grands coups d’aile,

« Comme moi maintenant, meurt près des flots troublés,
               « Et ses forces s’éteignent,
« Sans pouvoir réunir ses tronçons mutilés
               « Qui rampent et qui saignent. »

Victor Hugo. Les Tronçons du Serpent. Les Orientales, xxvi.


Qui ne voit que, dans tout ce morceau, c’est le petit vers qui décide l’effet et donne au tableau la lumière et les touches magistrales ?


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Il faudrait un Homère ou une patience d’ange pour énumérer toutes les strophes d’ode connues, même en ne comptant que celles qui sont solides et belles. On les trouvera toutes dans les œuvres de Malherbe, de Jean-Baptiste Rousseau, de Victor Hugo, — et, quant aux rhythmes délicats et curieusement ouvragés qui sont propres à l’Odelette et à l’Ode légère, dans le second volume des œuvres de Ronsard, qui contient ses Odes. Mais on ne devra commencer à les chercher qu’à partir du Deuxième Livre, car il ne faut tenir aucun compte de l’effort titanique et insensé que le poète avait fait au Premier Livre de ses Odes