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tiendraient pas au reste, et dont la suppression est un perfectionnement, — bien que ces deux vers en moins donnent à la strophe une régularité un peu trop carrée. Les deux derniers vers, c’était le grand et suprême coup d’aile, hardi comme un jet de flèche.


Les Vers Libres. J’ai dit que le vers libre est le suprême effort de Tart, contenant amalgamés en lui à l’état voilé, pour ainsi dire latent, tous les rhythmes. On ne l’enseignera àpersonne, puisqu’il suppose une science approfondie de la versification, un esprit d’enfer et l’oreille la plus délicate, et qu’il ne peut être raisonnablement appliqué, au théâtre ou dans le livre, que par un homme de génie. — Je dois cependant faire observer qu’il y a trois sortes devers libres, auxquelles trois grands poètes ont attaché leur nom. C’est dans leurs œuvres immortelles qu’il faut étudier ces trois sortes de vers libres, en remarquant le retour des mêmes combinaisons ou de combinaisons analogues pour produire les mêmes effets.


I. Le vers libre de Molière (dans Amphitryon) n’admet guère que l’emploi du vers alexandrin, du vers de dix syllabes avec césure après la quatrième syllabe, du vers de huit syllabes et du vers de sept syllabes.