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Le Conte. — En dépit de la Silvia d’Alfred de Musset, et du délicieux Diamant-noir de M. le marquis de Belloy, nous devons à l’avenir conter en prose. Toujours pour les mêmes raisons, c’est que la poésie n’a gardé et n’a dû garder pour domaine que les genres où elle est indispensable et où rien ne peut la remplacer. Après Balzac et Edgar Poe, le conte en vers n’existe plus.

L’Épigramme était une raillerie fine ou cruelle enfermée dans quelques vers aux pointes acérées ; le Madrigal, un compliment ingénieux dit en quelques vers. On en fait encore en prose dans la conversation ; mais si le Madrigal et l’Épigramme en vers ont leur raison d’être dans le Poème et dans la Comédie, ils ne se servent plus à part, comme au temps des bustes en porcelaine et des bergères couleur de rose. Les meilleurs qu’on ait faits dans notre langue se trouvent réunis dans un receuil : le Nouveau Recueil des Épigrammatistes français, anciens et modernes, à Amsterdam, chez les frères Wetstein, 1720.


Les Amis de l’heure présente
Ont le naturel du Melon,
Il faut en essayer cinquante
Avant que d’en trouver un bon,


a dit un épigrammatiste ; mais un bon madrigal