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et en même temps de ce que les prosodistes ont nommé les Vieilles Rimes (Rimes Kyrielle, Batelée, Fratemisée, Empérière, Annexée, Enchaînée, Équivoque, Couronnée), uniquement à titre de curiosité et d’amusement.

Donc c’est Ici que, laissant toute demi-mesure, je dois me montrer nettement révolutionnaire comme la Vérité, et faire table rase de toutes les erreurs et de tous les mensonges qu’on a eu coutume d’admettre jusqu’à présent comme vérités indiscutables.

Il faut le dire clairement et résolument, à part les strophes d’ode, et les poëmes à forme définitive que nous a légués la tradition, il n’a jamais existé ou il n’existe plus dans la poésie française rien de positif, et tout ce qu’on a pu dire ou écrire sur la nécessité d’employer tel mètre ou tel rhythme dans la composition de tel ou tel poëme doit être considéré comme nul et non avenu. Le poëte, dans cette appropriation des mètres et des rhythmes au sujet qu’il traite, ne relève plus désormais que de son inspiration et de son génie. Révolution immense, incalculable, vertigineuse, et qui dans la langue française date, sans contestation possible, de l’avènement du prodigieux poëte Victor Hugo.

Avant lui, notre poésie, déchue de sa beauté